L’Essai sur l’accélération de l’histoire, de Daniel Halévy (1948) : remarques critiques sur une référence centrale // [The essay on the acceleration of history by Daniel Halévy, critical remarks]

Abstract
Référence centrale pour quiconque réfléchit au concept d’accélération en histoire, l’Essai sur l’accélération de l’histoire de Daniel Halévy brosse à grands traits l’histoire de l’humanité vue depuis l’Occident, dégage les principaux moments d’« accélération de l’histoire » et, surtout, défend l’idée que le rythme auquel survient le changement à son époque s’est fait dramatiquement plus élevé. Mais le fait que l’on « accélère » (le fait que les hommes vont plus vite) ne signifie pas une accélération de l’histoire. Cette dernière idée est problématique, car elle implique de poser une « histoire » unifiée et linéaire, et de construire de manière univoque des « époques » qui prennent sens dans cette histoire. Où l’on découvre une proximité étonnante de la thèse de l’accélération selon Halévy avec celle, contraire en apparence, de la « fin de l’histoire ». Exprimant à l’égard de la modernité une méfiance profonde, conforme aux vues traditionalistes de l’auteur, le livre a cristallisé le thème de l’accélération, contribuant de la sorte à l’installer durablement dans la vie intellectuelle.