Science-fiction et uchronie // [Science fiction and counterfactuals]

Abstract
Si la démarche contrefactuelle a été investie par les historiens, elle est aussi l’un des terrains de jeu privilégiés de la science-fiction, genre institué qui engage les mécanismes d’une communication sérielle et les principes architextuels qui lui sont associés. Dès lors, les référents historiques peuvent être redessinés par les conventions sérielles, au point de se dissoudre parfois dans un vertigineux jeu de chausse-trapes ou, comme dans l’esthétique steampunk, de se retrouver pris dans un réseau intertextuel et transfictionnel. Sorte de refoulé du récit, la trame historique continue d’apparaître comme le substrat référentiel de l’œuvre, mais c’est un référent latent, constamment réécrit suivant une logique radicalement contre-factuelle. Une telle façon de procéder revient à thématiser la dynamique d’une science-fiction cherchant toujours à la fois à dialoguer avec ses sources et à s’en écarter. En ce sens, l’uchronie assure une paradoxale fonction métapoétique, puisqu’elle convoque l’Histoire pour mieux affirmer, contre elle, la dynamique du genre.