Le peuple, la masse ou les sujets: : L'école des Annales face à la critique de Jacques Rancière

Abstract
Cet article examine la critique formulée par Rancière à l'encontre l'histoire des mentalités, selon laquelle celle-ci serait tributaire d'un paradigme herméneutique inventé par Michelet qui ne permet pas de faire l'histoire des mouvements politiques et sociaux contemporains. Nous montrons que seule l'histoire de Febvre est atteinte par cette critique, Bloch ayant fondé une autre histoire des mentalités, qui rompt avec le paradigme herméneutique sans pour autant tomber dans les travers de l'histoire scientifique également dénoncée par Rancière. Le mode d'écriture de l'histoire promu par Rancière ne délivre l'histoire de la tutelle supposée de la sociologie que pour la subordonner à la philosophie politique. Nous défendons, contre le modèle de Rancière, une conception plus foucaldienne de la fonction politique de l'histoire, qui ne consiste pas à proposer de nouveaux récits politiques mais à mettre en question toute constitution narrative d'une identité politique.