Abstract
A partir de nombreux entretiens et l'exploration d'archives inédites, Sébastien Ledoux retrace l'histoire de l'expression " devoir de mémoire ". Néologisme apparu au début des années 1970, le terme appartient aujourd'hui au vocabulaire courant et traduit la relation souvent douloureuse que la France entretient avec son histoire récente. Dans les années 1980, le " syndrome de Vichy ", ce " passé qui ne passe pas ", engage une vaste remise en question émaillée de polémiques et de mises en accusation, avec les affaires Bousquet et Papon, les révélations sur le passé vichyste de Mitterrand, la réévaluation du rôle de la France dans la mise en ouvre de la Solution finale. Les débats sur la recomposition du récit national, la place du témoin, le rôle de l'historien, la patrimonialisation du passé, traduisent un tournant majeur et accouchent de nouvelles questions dont l'actualité est toujours brûlante. Ce sont les mutations de la société française des cinquante dernières années qui sont ici analysées par le biais de ses nouveaux rapports au passé que le " devoir de mémoire " est venu formaliser.