Accélération de l’histoire : un statut historiographique introuvable ? // [Acceleration of history : an unfindable historiographic role]

Abstract
L’article interroge le statut historiographique de la notion d’accélération de l’histoire et les usages possibles de la notion en histoire. Ce statut s’avère à la fois hybride et incertain, tant par l’ancrage empirique et « épochal » de la notion (en tant que caractéristique de notre modernité) que par le parfum de « philosophie de l’histoire » et d’histoire universelle qu’elle continue à dégager. Avec cette charge de téléologie qu’elle suppose peu ou prou, cette notion peut donc rencontrer les critiques dirigées contre les conceptions du temps historique linéaire et homogène. Elle reste utilisée par certains historiens comme Pierre Nora, Alexandre Escudier ou, moins explicitement il est vrai, François Hartog, historiens dont la référence privilégiée pour « penser historiquement » la notion et, plus généralement, l’historicité contemporaine, est l’œuvre de Reinhart Koselleck. Les enjeux proprement politiques de la notion d’accélération de l’histoire (les stratégies de décélération) posent ultimement la question de la politisation du temps historique.